Lutter contre la transmission d’arbovirus par les moustiques nécessite une connaissance accrue de différents paramètres influençant le comportement, la résistance et la capacité vectorielle de ces derniers. Les recherches menées au Laboratoire de maladies vectorielles (LMV) s’intéressent à ces différents aspects, dans l’optique de pouvoir proposer aux autorités sanitaires des méthodes de surveillance de vecteurs et de lutte efficaces, ciblées et respectueuses de la santé humaine et de l’environnement.

En plus des activités de recherche précédemment citées, le LMV réalise des activités de formation en lien avec l’Université des Antilles, et de santé publique en lien avec l’Agence Régionale de la Santé sur la surveillance de la résistance aux insecticides et des mécanismes associés.

Equipe
  • Anubis Vega-Rúa, entomologiste médicale franco-cubaine, est responsable du laboratoire des maladies vectorielles à l’Institut Pasteur de Guadeloupe depuis 2015
  • Duchaudé Yolène, doctorante en Phytochimie en (co-direction de thèse, Gerardo Cebrián-Torrejón, COVACHIM-M2E, Université des Antilles). Projet : « Potentiel de la flore guadeloupéenne dans la lutte Anti vectorielle contre Aedes aegypti »
  • Margot Garcia Van Smévoorde, doctorante. Projet : « Caractérisation multifactorielle de la dynamique de la transmission de la dengue en Guadeloupe et en Martinique »
  • Christelle Delannay, technicienne. Projet : Résistance des populations d’Ae. aegypti de Guadeloupe. Soutien technique sur l’ensemble des projets du laboratoire.
  • Elodie Calvez, post-doctorante. Projet principal : impact des propriétés biotiques et abiotiques de gîtes larvaires sur le microbiote et la capacité vectorielle d’Ae. aegypti. Ses projets annexes portent sur la phylogénie des arbovirus et les interactions virus-vecteur.
  • Gladys Gutierrez-Bugallo, doctorante (co-direction de thèse, Institut Pedro Kourí, Cuba). Projet : Compréhension de la transmission horizontale, verticale et leurs interactions dans les populations cubaines d’Ae. aegypti. (pas sur la photo)
  • Aïcha Loïal, doctorante (co-encadrement Jean-Bernard Duchemin, Institut Pasteur de la Guyane). Projet : « Compréhension de la plasticité comportementale et électrophysiologique des populations d’Aedes aegypti »

De plus, le LMV accueillie des stagiaires de différents niveaux de formation académique : Licence (3ᵉ année), Master 1, Master 2, des infirmiers anesthésistes, apprentis chercheurs.

Projets

Établir la dynamique spatio-temporelle de la transmission verticale en Guadeloupe et à Cuba

Lorsqu’une femelle de moustique est infectée par un arbovirus, elle peut le transmettre à sa descendance. La fréquence et la relevance épidémiologique de ce phénomène, connu comme « transmission verticale » méritent alors une attention particulière, au vu du possible rôle de ce mécanisme dans la maintenance des virus au sein des populations de vecteurs, voir dans la propagation d’épidémies. Cependant, ce phénomène, considéré par certains comme « rare », n’a pas été suffisamment exploré à ce jour. Le LMV développe ainsi deux projets alliant des expériences sur cette thématique, l’un qui l’étudie à Cuba, et l’autre en Guadeloupe. Pour cela, un suivi des stades immatures du moustique Ae. aegypti et réalisé sur le terrain, et leur statut d’infection vis-à-vis des arbovirus est vérifié au laboratoire. De plus, des essais de transmission verticale sont menés dans le laboratoire de sécurité du niveau 3 de l’Institut Pasteur de la Guadeloupe.

Caractérisation multifactorielle de la dynamique de la transmission de la dengue en Guadeloupe et en Martinique pour une meilleure préparation face aux épidémies futures (Bourse doctorale Calmette et Yersin)

Le virus de la dengue (DENV) est responsable d’épidémies majeures dans la région Caribéenne, et depuis 2006, les quatre sérotypes ont été détectés lors des différentes épidémies, avec une circulation hétérogène en Guadeloupe et en Martinique. Ce projet vise à comprendre les facteurs à l’origine des différences épidémiologiques observées entre les deux îles et allie des analyses phylogénétiques sur des souches de dengue circulant dans les deux îles, ainsi que des évaluations de compétence vectorielle pour caractériser l’aptitude des populations de vecteurs de Guadeloupe (Saint-François, Les Abymes, Saint-Claude) et de Martinique (Sainte-Anne, Fort-de-France, Morne Rouge) à transmettre les différents sérotypes du DENV.

Influence du microbiote et des qualités nutritionnelles des gîtes larvaires sur le microbiote du moustique Aedes aegypti et la transmission des arbovirus. (Financement FEDER Une santé, Financement INTERREG projet CARES, bourse Post-doctorale Calmette et Yersin,  Actions Concertées Inter-Pasteurienne ACIP)

La transmission des arbovirus par Aedes aegypti est influencée par de nombreux facteurs qui peuvent être internes ou externes au moustique. Parmi eux, l’environnement larvaire (le gîte) est un paramètre pouvant impacter le développement du moustique, son microbiote et sa capacité vectorielle. Ce projet s’intéresse à l’impact de la diversité microbienne, des caractéristiques physico-chimiques et nutritionnelles de gîtes larvaires naturels, ainsi que de ceux utilisés pour l’élevage en laboratoire, sur la composition de la flore microbienne des moustiques Ae. aegypti adultes et leur capacité vectorielle (survie, fécondité, transmission d’arbovirus). La finalité est d’identifier des taxa bactériens naturellement présents dans les gîtes pouvant être potentiellement utilisables dans une stratégie de contrôle des populations d’Ae. aegypti. De plus, ce projet permettra de mieux comprendre comment les nutriments utilisés pour l’élevage des moustiques au laboratoire impactent la qualité et caractéristiques des moustiques adultes.

Évaluation de la résistance d’Aedes aegypti de Guadeloupe et des îles du nord vis-à-vis des insecticides utilisés actuellement ou dans le passé dans le cadre de la lutte antivectorielle.

Des travaux précédents du laboratoire ont démontré que les populations d’Ae. aegypti en Guadeloupe présentent des résistances multiples vis-à-vis des insecticides chimiques. Dans ce contexte, l’agence régionale de la Santé souhaite qu’un état de lieu de ces résistances soit réalisé. De plus, l’efficacité d’une nouvelle formulation à pouvoir adulticide (Dobol®) sera également testée et comparée par rapport à celle des insecticides présentement utilisés.

Test larvaire en gobelet
Test adulticide

Potentiel de la flore guadeloupéenne et des sargasses dans la lutte Anti vectorielle contre Aedes aegypti  (Interreg CariPhlore, Sargood, FEDER)

La lutte contre les moustiques adultes par pulvérisation d’insecticides est une méthode de contrôle amplement employée aujourd’hui. Cependant, les effets nocifs des insecticides sur l’environnement et la sélection des résistances chez Ae. aegypti rendent leur utilisation questionnable. Pour trouver des méthodes de lutte antivectorielle efficaces et respectueuses de l’environnement, notre projet vise à allier le savoir traditionnel et ancestral des plantes médicinales locales pour lutter contre le moustique Ae. aegypti. En outre, il étudie le potentiel de valorisation des sargasses (algues brunes envahissantes en Guadeloupe) dans la lutte contre ce moustique. Ces projets contribueront à une meilleure connaissance des principes actifs issus des plantes locales et des sargasses qui pourront être utilisés dans la lutte contre Ae. aegypti.

Compréhension de la plasticité de la réponse comportementale et électrophysiologique du moustique Aedes aegypti vis-à-vis des odeurs (ArboFrance, FEDER)

Le moustique Aedes aegypti, principal vecteur d’arboviroses, comme la dengue et le chikungunya, est une menace mondiale pour la santé publique. Les systèmes de piégeages jouent un rôle crucial dans la surveillance et le contrôle de ces vecteurs. Ils ciblent les comportements spécifiques des femelles moustiques, tels que la piqûre et la ponte. Ces dispositifs utilisent des odeurs, pour manipuler le sens de l’odorat du moustique, pour l’attirer et le capturer. Cependant, l’efficacité des pièges peut varier en raison de la diversité des réponses de comportement des moustiques à une même molécule attractive.

Dans ce contexte, ce projet vise à comprendre les facteurs qui influencent la perception des attractants par les moustiques pour améliorer l’efficacité des pièges. Cette approche est cruciale pour renforcer la lutte contre la propagation des maladies transmises par les moustiques.

Collaborations et financements

Collaborations

Sources de financement